L’art cartographique médiéval désignait les régions encore inexplorées de la planète par le terme de terra incognita : ce qui se trouve là-bas, de l’autre côté des océans, ce qui commence là où finit notre monde. Là où la brume dicte ses lois inaudibles.

Mais il faut bien le dire, l’inconnu est un royaume qu’historiquement (phylogénétiquement et ontogénétiquement), nous avons appris à craindre. Parfois, au lieu de terra incognita, on pouvait lire « hic sunt dracones », dans l’idée que ces territoires encore intacts abritaient des dragons et autres créatures monstrueuses, directement surgis de notre inconscient le plus intime. L’exploration de l’inconnu renvoie donc toujours à notre crainte d’y rencontrer nos monstres connus. Ou encore, ce qui est bien plus effrayant, de nous rendre compte que nos monstres les plus connus sont en fait des créatures de l’inconnu.

Ce que nous ne savons pas vient nous défier : un défi qui, lorsqu’il est bien tempéré, donne du sens à notre existence. C’est un appel à figurer, à nommer, à capturer ce qui jusqu’alors n’existait que partiellement, à côté de nous. C’est, par excellence, la possibilité dont on peut se saisir pour grandir. L’inconnu est tout simplement une invitation, peut-être la plus excitante de toutes : une invitation à connaître.


Carte de : Olaus Magnus, Carta Marina , Wikimedia Commons.

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